Stifter Adalbert, L’Homme sans postérité

Nos jeunes gens cependant vont leur chemin, toujours plus haut et plus avant. À la lisière de la forêt, ils se retournent pour regarder la ville. Ils distinguent toutes sortes de constructions et de maisons. Ils parient : c’est celle-ci, c’est celle-là. Puis ils atteignent le couvert des hêtres. La forêt continue, et maintenant le sol est presque plat. Par-delà, s’étendent de lumineuses prairies plantées d’arbres fruitiers. Elles mènent à un vallon qui, calme et intime, contourne le versant des montagnes. Il en descend deux ruisseaux rapides, clairs comme des miroirs. L’eau coule gaiement sur les galets lisses, longe des vergers fournis, des clôtures de jardins, des maisons. Puis elle s’en va par les vignobles. Tout est à ce point calme que, dans le clair après-midi, on entend au loin chanter le coq ou résonner quelque clocher de village. Il est rare qu’un citadin visite cette vallée, et aucun encore n’y a établi cette résidence estivale.